LE STRESS

LE STRESS

Le mot Stress vient du latin stringere qui signifie : rendre raide, serrer, presser, tension, effort. Il était employé en mécanique ou en physique. C’est la contrainte excessive exercée sur un matériau qui devient de ce fait fatigué, déformé, et qui rend toute tentative de retourner à l’état d’origine vaine, puisque le matériau est beaucoup plus vulnérable qu’il ne l’était auparavant.

Ce n’est qu’en 1963 que Hans Selye utilise ce mot en médecine. Il y voit des « forces potentiellement destructrices » et parle « d’état de stress » pour décrire les « changements physiques provoqués par une situation stressante ». C’est la notion moderne du stress que nous employons couramment aujourd’hui.

Biologiquement parlant le stress est une réponse de notre organisme pour maintenir notre équilibre biologique dans un état fonctionnel.

Lorsque l’on parle de stress, ce mot désigne autant la cause extérieure amenant la réponse de notre organisme, que l’agent stressant lui-même ou la réaction d’adaptation à cette contrainte et l’état résultant de la « pression nerveuse »…

Ainsi, le mot est devenu d’un emploi courant lorsque nous parlons de notre état et de ce que nous ressentons à un moment de notre vie. Le stress est donc un ressenti intuitif et interne peu développé et défini.

Comment décrire précisément notre ressenti, notre stress et notre état de tension ?

Pourtant, le stress peut être vital, à certain moment de notre vie !

Pour certains, c’est le moteur de leur dynamisme. Il représente un défi, une motivation pour se dépasser et réussir dans ce qu’ils entreprennent.

Pour d’autres individus, le stress est négatif, néfaste et les empêche de mener à bien ce qu’ils ont entrepris. Le stress est alors l’ennemi qu’il faut combattre afin de retrouver le calme et l’harmonie.

Ces différences de perception viennent principalement du fait que le stress peut finalement revêtir ces divers aspects, à divers moments de notre vie.

Le stress est constitué d’un grand nombre de facteurs, de mécanismes et de réponses. Leurs interactions sont extrêmement complexes.

Le stress a souvent une connotation négative parce qu’il est associé à des émotions comme la peur ou l’angoisse. Cependant, une grande joie, un grand succès peuvent aussi provoquer des réactions physiologiques (tension musculaire, fatigue, etc.).

Il y a donc deux types de stress : le stress aidant, bénéfique pour notre organisme et le stress déplaisant, néfaste pour notre santé.

Si notre niveau de tension est adapté à la situation, à l’action, notre stress est bénéfique. Si au contraire, notre tension n’est pas adaptée ou est trop intense, notre stress peut entraîner des conséquences physiologiques et psychologiques.

On a l’habitude d’associer le stress à des situations « négatives » mais ce syndrome se manifeste pour tout changement : déménagement, voyage, rencontre, événement professionnel : nouveau travail, changement d’équipe, changement d’école, promotion ou licenciement, événement familial ou sentimental : mariage, divorce, naissance, décès, nouvelle rencontre, dispute, changement corporel : adolescence, maladie, vieillissement, ménopause…

Le stress, c’est donc l’ensemble des réactions « positives ou négatives » de notre organisme à un changement, une situation nouvelle et à une demande d’adaptation.

Si le stress existe depuis longtemps, nous faisons face, de nos jours, à de plus grands agents de stress. Nous ne réagissons pas, non plus, comme nous pouvions le faire avant. Nous sommes sujets à de telles contraintes, financières, de rendement ou de performances, que souvent nous ne pouvons toujours employer une réponse adéquate aux situations de stress. Par exemple, le fait de répondre à son employeur, lorsque celui-ci est insupportable ou dépasse les limites de sa fonction, est susceptible de provoquer en nous un stress bien plus important : celui d’être au chômage…
Existent également nos inquiétudes concernant notre avenir économique, notre santé, notre vieillesse, le décès d’une personne proche…

L’homme perçoit son environnement et traite les informations en adoptant des comportements qui semblent parfois innés et parfois acquis. Ces réactions peuvent varier d’une personne à l’autre.

Le stress est l’élément qui provoque un ensemble de réactions physiologiques, nerveuses et hormonales comme la sueur, l’accélération des battements de notre cœur, l’accélération de notre respiration et à la fois des réactions plus psychologiques comme l’inquiétude, l’angoisse, les troubles du sommeil…

Le stress c’est une sensation que l’on éprouve lorsque l’on est confronté à une situation à laquelle on ne croit pas pouvoir faire face correctement. Nous nous retrouvons parfois devant une situation à laquelle nous n’avons pas appris à faire face ou à répondre.
Ce stress provoque un sentiment de malaise et d’inadaptation.

Il existe également des évènements que l’homme ne peut modifier par son action. L’impossibilité de l’action et l’irréversibilité de certaines situations rendent plus difficile l’adaptation. Il est certain que la mort est un évènement irréversible…
D’autres événements possèdent ce caractère irréversible mais ils sont moins dramatiques : un divorce, un déménagement, un licenciement, le départ d’un enfant de la maison…

Le stress permet une mobilisation des forces physiques et mentales. L’augmentation des rythmes cardiaque et respiratoire permet de mieux oxygéner les muscles. C’est une réaction animale qui nous prépare au combat ou à la fuite. Mais cette mobilisation des forces physiques et mentales peut aussi nous faire « perdre nos moyens ».

Dans la nature, il existe trois façons de faire face à un danger : le combat (l’affrontement, faire face au danger), la fuite (l’évitement et l’évaluation des risques dans un rapport de force) et l’immobilité (c’est une réaction animale, instinctive qui implique le camouflage, le fait de se faire passer pour mort mais surtout le fait de ne pas exciter le prédateur par les stimulations que lui procurent nos mouvements).

Si les réactions de notre organisme sont légitimes, une situation de stress prolongé nous épuise et amène une fatigue. Cet état favorise l’apparition de maladies.

Le stress au travail est une des premières causes d’arrêt-maladie. Le surmenage et le syndrome d’épuisement professionnel nous guettent.

La peur engendre la réaction émotive de l’amygdale. Nous verrons que dans le stress post-traumatique, l’amygdale joue un rôle particulièrement important…

Échelle des facteurs du stress d’après Holmes et Rahe.
 » Mort du conjoint : 100
 » Divorce : 73
 » Séparation conjugale : 65
 » Emprisonnement : 65
 » Décès d’un proche parent : 63
 » Blessure ou maladie physique : 53
 » Mariage : 50
 » Perte d’emploi : 47
 » Réconciliation conjugale : 45
 » Retraite : 45
 » Maladie du conjoint : 44
 » Maladie d’un proche : 44
 » Grossesse : 40
 » Naissance : 39
 » Arrivée d’un nouveau membre dans la famille : 39
 » Modification de la situation financière : 38
 » Mort d’un ami intime : 37
 » Changement de travail : 36
 » Modification du nombre de disputes avec le conjoint : 35
 » Modification de responsabilités professionnelles : 29
 » Départ de la maison d’un enfant : 29
 » Difficultés avec la belle famille : 29
 » Début ou arrêt de travail du conjoint : 26
 » Début ou fin de scolarité : 26
 » Changement dans les conditions de vie : 25
 » Changement des habitudes personnelles : 24
 » Conflits avec employeur : 23
 » Déménagements : 20
 » Changement des loisirs : 19
 » Changement des activités sociales : 18
 » Changement dans les habitudes de sommeil ou repos : 15
 » Changement du nombre de personnes vivant dans la famille : 15
 » Petites infractions de la loi : 11

La majorité de ces événements de vie, surtout ceux situés en haut de l’échelle, correspond à des situations nouvelles auxquelles l’homme doit s’adapter.

L’être humain a été doté au cours d’une évolution portant sur des millions d’années de mécanismes neurobiologiques lui permettant de s’adapter aux modifications de son environnement, qu’elles soient physiques, sociales ou psychiques. L’organisme vivant maintient son équilibre interne, son homéostasie, en mobilisant l’énergie utile aux processus d’adaptation. C’est cette réponse aux stimuli qu’on nomme désormais stress. L’homme vit en état permanent de stress, stimulation nécessaire aux rythmes biologiques.

Mais si un certain niveau de stress est nécessaire à la vie, le dépassement d’un certain seuil peut devenir dangereux voire fatal, s’il outrepasse les capacités d’adaptation de l’organisme, d’où l’apparition de maladies qui peuvent être rapidement mortelles.

Cette relation stress/maladie apporte bien une nouvelle dimension à l’approche médicale classique.

Actuellement le stress est le seul concept médical, admis par la communauté scientifique, qui fait un pont entre le psychisme et les maladies somatiques via les réactions neuro-hormonales.

Cette réaction démontre la participation du cerveau dans la genèse des maux du corps : immuno-suppressions, infections, allergies, cancers.

Hans Selye est le chercheur qui a rendu populaire la notion de stress physiologique. Il a consacré sa vie à l’étude de cette réaction non spécifique de l’organisme à toute demande qui lui est faite. Dès 1950, il l’appellera le « Syndrome Général d’Adaptation » (SGA) ou encore « stress ».

Le SGA représente pour son auteur l’ensemble des réactions de défense de l’organisme étant constant pour chaque individu. Ainsi chaque personne posséderait un SGA plus ou moins fort et ainsi aurait une capacité d’adaptation différente.

Trois grandes phases sont présentes dans le SGA : il y a tout d’abord la phase d’alarme avec son choc et contre-choc, la phase de résistance et pour finir la phase d’épuisement.

-La réaction d’alarme. Cette première phase est aussi appelée « phase de choc ». En effet lorsque nous recevons un stimulus stressant, notre corps est confronté à un choc. Notre organisme va tout faire pour s’adapter à cette situation.

Cette phase correspond à la réaction par des phénomènes généraux non spécifiques face à la présence d’une demande environnementale d’adaptation à laquelle l’organisme n’est pas encore adapté. La réaction d’alarme commence tout d’abord par un choc, un état de surprise dû à l’agression et qui altère l’équilibre fonctionnel. C’est un état généralisé et intense de souffrance, qui rend l’organisme encore plus vulnérable à la demande d’adaptation qui lui a été faite.

Cette phase peut durer de quelques minutes à 24 heures. Si le choc ne conduit pas à la mort, l’organisme peut se ressaisir et met en jeu des moyens de défenses. C’est une réaction d’urgence à court terme qui favorise l’évitement de la situation pathogène.

-La phase de résistance. Cette deuxième phase constitue l’ensemble des réactions non spécifiques provoquées par un agent stressant qui persiste et auquel l’organisme s’est adapté au cours de la phase de contre-choc.

Si le « stimulus stressant » persiste, notre organisme entame une phase de résistance. Il va essayer de rassembler des ressources pour trouver un nouvel équilibre. À ce stade, le stress est considéré comme bénéfique pour notre organisme. Par exemple, si un enfant doit réciter un poème devant la classe, il aura une poussée d’adrénaline. Ceci va améliorer sa mémoire et stimuler sa pensée. Ce sera bénéfique pour lui. Par contre, s’il accorde trop d’importance à ces conséquences, il va devenir plus nerveux, il aura plus de tension, etc. Ce ne sera pas favorable pour lui.

La phase d’alarme est très coûteuse pour l’organisme et ce dernier se doit de compenser les pertes d’énergie. Lors de la phase de résistance, la résistance vis-à-vis de l’agent stressant est accentuée.

-La phase d’épuisement et les maladies de l’adaptation. Si le stress continue trop longtemps, l’organisme se fatigue. La colère ou la dépression peuvent aussi apparaître. Le stress va non seulement avoir des effets physiologiques, mais aussi psychologiques.

Quand la personne est face à une situation stressante, son comportement ainsi que sa perception de l’environnement sont modifiés. Mais il ne faut pas oublier que chaque individu réagit de façon différente face à une situation semblable. Ce qui peut être véritablement stressant pour nous, peut être simplement gênant pour quelqu’un d’autre. C’est notre façon de voir, de ressentir un évènement qui le rend plus ou moins stressant. Il y a des incidents, des situations qui sont considérées comme étant stressantes en général par la plupart des individus.

Si la demande adaptative persiste, il arrive un moment où l’organisme ne peut plus fournir l’effort qui lui est demandé. Il est incapable de compenser les dépenses d’énergie et nos défenses immunitaires faiblissent nous rendant plus sensibles aux agressions externes. L’épuisement va se caractériser par un retour à la phase initiale de choc, mais cette fois les phénomènes d’épuisement l’emportent sur la défense active et peuvent conduire jusqu’à la maladie ou la mort.

L’épuisement provient du fait que l’organisme a dû fonctionner en surrégime et que par décompensation il fonctionne mal.

Le cœur, les artères, l’estomac, les intestins, la peau ou les défenses immunitaires sont atteints de maladies telles que les ulcères, l’hypertension voire l’infarctus, l’asthme, l’eczéma, le cancer, etc. Pour autant, les causes ne sont pas claires : même si le stress en lui-même peut induire des changements comportementaux délétères (prise de toxiques, hyper alimentation…), il semble qu’il puisse générer directement des anomalies et il s’agit, en particulier, d’un facteur de risque reconnu de maladies cardio-vasculaires.

Le SGA a donc ses limites, des limites physiologiques qui font que l’organisme ne peut pas aller au-delà de ses forces.

Avec l’approche biologique du stress, nous avons vu que lorsque l’organisme doit s’adapter à une demande environnementale, le corps dispose d’ajustements physiologiques non spécifiques répondant à cette demande. Il importe peu que l’agent stressant soit d’origine physique ou psychique, interne ou externe, objectif ou subjectif, plaisant ou déplaisant, puisque la réponse non spécifique est toujours la même et que la seule chose qui compte c’est l’intensité de la demande de réajustement ou d’adaptation.

Les organismes ne réagissent pas de la même façon lorsqu’ils sont confrontés aux mêmes événements. Certaines personnes tomberont malades… Il y aurait donc des variables individuelles rentrant en ligne de compte lorsqu’on parle de stress. L’approche biologique a pu expliquer ces différences individuelles par le biais d’une capacité d’adaptation différente chez chaque individu. Par un acte de pensée différent, certains individus parviennent à moduler leur stress.

D’autres expériences, comme les effets du bruit sur l’exécution de certaines tâches, montrent aussi l’importance de variables contextuelles. Certaines situations, ayant une signification particulière, sont susceptibles de provoquer ou non des problèmes. Il y aurait donc aussi des variables socioculturelles lorsqu’on parle de stress.

Les ressources personnelles et les stratégies de coping.

Le mot « coping » vient du verbe anglais « to cope with » dont il faut retenir la signification de « faire face à ». Selon Lazarus (1984), les capacités à « faire face » ou « coping » correspondent à l’ensemble des pensées et des actes développés par le sujet pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté et ainsi de réduire le stress qu’ils engendrent.

Le coping vise donc la minimisation du lien stress-détresse. Le coping est toujours présent lorsque l’individu a perçu une demande d’adaptation et comprend beaucoup de processus autant conscients qu’inconscients. Les processus de coping conscients sont soumis aux lois de l’apprentissage. On les appelle alors les stratégies d’ajustement au problème.

Ces stratégies sont constituées de trois grandes classes : les stratégies d’ajustement axées sur le problème, axées sur les émotions et pour finir sur l’hygiène de vie (Spencer, 2000).

-Toutes les stratégies d’adaptation axées sur le problème visent la diminution ou l’élimination du stress par un acte cognitif et comportemental en agissant directement sur la source du stress. L’attaque, l’évitement, les techniques de résolution de problèmes constituent des stratégies axées sur la résolution du problème.

-Des fois cependant, le problème ne peut être changé et il faut s’en accoutumer tant bien que mal. Les stratégies d’adaptation axées sur les émotions peuvent rendre alors un grand service à l’individu. Elles correspondent à une stratégie cognitive et émotionnelle qui permet de diminuer, voire d’éliminer le stress en percevant la source de stress différemment. La relaxation sous ses diverses formes (training autogène, Jakobson-Wolpe, sophrologie, Yoga, méditation, oraison, etc.), l’humour, l’expression des émotions, la comparaison sociale, sont des stratégies d’adaptation axées sur l’émotion.

Pour finir, les stratégies d’adaptation axées sur l’hygiène de vie favorisent la prévention à la guérison. En pleine forme l’individu sera plus à même de supporter les demandes environnementales.