L’E.M.D.R.

LA THERAPIE EMDR-DMS

L’EMDR-DMS est une approche thérapeutique qui permet de traiter un grand nombre de symptômes reliés à la dépression, à l’état de stress et aux syndromes post-traumatiques. Basée sur les nouvelles recherches neurologiques concernant le cerveau et le traitement de l’information, cette thérapie permet le traitement rapide des syndromes post-traumatiques et de l’état de stress post-traumatique.

Il existe une adaptation ludique des techniques de prise en charge du traumatisme pour les enfants.

QUE VEUT DIRE : EMDR-DMS ?

Le terme anglais « EMDR » peut être traduit par : Traitement et Désensibilisation par les Mouvements Oculaires.

L’abréviation DMS, ajouté aux initiales EMDR, signifie : Désactivation Multi-Sensorielle. Ce terme fait état des nouvelles recherches qui ont montré que, si à l’origine le traitement était uniquement à base de stimulations visuelles, il est possible et même parfois plus efficace d’accéder à l’information en mémoire par un traitement kinesthésique ou auditif. Ainsi, le thérapeute s’adapte plus précisément aux besoins du patient.

UN PETIT RAPPEL SUR LE TRAUMATISME :

On parle de traumatisme lorsqu’un événement laisse une trace profonde, encore active, ne pouvant alors atteindre le stade, plus paisible, de souvenir.

L’approche thérapeutique en EMDR-DMS réactive le système naturel de guérison du cerveau que l’on peut observer dans la phase du sommeil profond où nos yeux exécutent des mouvements rapides. C’est le moment où l’on rêve et où sont assimilés les événements émotionnels de la journée. Les stimulations bilatérales, pratiquées en EMDR-DMS, ressemblent à ces mouvements et permettent d’activer et de réguler l’ensemble du cerveau afin de calmer les pensées et les émotions envahissantes.

NEUROLOGIE :

De récentes recherches neurologiques (IRM) ont constaté, lors d’un stress post-traumatique, une hyperactivité des régions qui gèrent les émotions (le système limbique) au détriment du traitement du langage, du raisonnement et des fonctions exécutives. Ainsi, la pensée est éteinte et ne permet plus de relativiser la situation. Les victimes sont enfermées dans ce cercle vicieux.

LE BUT DE LA THÉRAPIE :

Cette approche ne se focalise donc pas sur le pourquoi d’une souffrance mais plutôt sur la façon dont elle est encodée et sur la manière de la soulager le plus rapidement possible.

COMMENT SE PASSENT LES SÉANCES ?

Le traitement est réparti en quatre phases. Une phase concernant les événements à l’origine des symptômes actuels. Une seconde phase où la personne apprend à gérer ses émotions. Une troisième phase où le thérapeute commence des stimulations alternées alors que la personne se concentre sur l’événement perturbant. La quatrième phase est une phase de stabilisation.

La séance est de 30 à 90 mn.

L’EMDR-DMS POUR QUI ?

Est concernée par cette thérapie toute personne, de l’enfant à l’adulte, ayant vécu directement ou indirectement un choc émotionnel venant d’un évènement de vie comme un accident, un attentat, des violences ou une agression sexuelle…

Diverses perturbations peuvent être constatées : angoisse, images et souvenirs récurrents, cauchemars et insomnie, isolement et état dépressif, comportement agité ou violent, hypervigilance, addictions, attaques de panique, phobies, somatisations…

Seuls les cas de psychose, les états suicidaires et les troubles cardiaques récents peuvent constituer parfois des contre-indications.

Huit patients sur dix déclarent se sentir apaisés au bout d’une moyenne de cinq séances.

LA THERAPIE EMDR REPOSE SUR UN CONSTAT : LE SIMPLE FAIT DE PARLER D’UN TRAUMATISME N’EST PAS SUFFISANT.

Il semble même que le fait de parler d’un problème peut amener une amplification de ce problème. En effet, parler de nos problèmes amène nos mémoires à se réactiver. Si un travail bien précis sur les pensées et les émotions n’est pas effectué, les pensées et émotions non digérées sont soulevées et viennent amplifier l’émotion associé à la mémoire. La mémoire se ré-enregistre ainsi amplifiée… Du reste, une personne traumatisée ne souhaite généralement pas évoquer le cœur de la scène traumatique dans la crainte d’être sur-traumatisée.

L’EMDR a créé un protocole sécurisant pour accompagner la personne dans son rappel du noyau traumatique. Ce rappel ne sollicite pas seulement le registre verbal mais tous les registres représentatifs : perceptions, cognitions, émotions, sensations corporelles.

En effectuant des associations libres, dans des séquences de stimulations bilatérales : visuelles, auditives ou kinesthésiques, à partir de tous les registres du noyau traumatique, des connexions mnésiques (mémoire implicite/explicite, procédurale/déclarative) et informationnelles ont lieu et la personne peut dépasser l’événement traumatique.

La croyance dans l’efficacité des mouvements oculaires ou des stimulations sensorielles bilatérales alternées repose sur un modèle neurologique où l’activation alternée des hémisphères cérébraux faciliterait un travail de traitement de l’information (émotionnels, mnésiques, comportementaux) qui a été dissociée par le trauma.

LA THERAPIE EMDR SE PRATIQUE EN HUIT ETAPES SUCCESSIVES :

1. DIAGNOSTIC ET PLANIFICATION : la première phase de la thérapie consiste à s’assurer que l’EMDR est un traitement adapté au patient. Un aspect de cette évaluation concerne la capacité de la personne à faire face aux souvenirs de l’événement traumatisant qui seront ravivés pendant la thérapie. Le thérapeute prépare alors avec le patient un plan de traitement.

2. PREPARATION ET RELAXATION : le thérapeute doit ensuite préparer son patient à l’EMDR en lui expliquant le déroulement de la thérapie. Il s’assure que le patient maîtrise quelques techniques de relaxation et est capable de contrôler les émotions succédant à une expérience désagréable.

3. EVALUATION : la phase suivante permet de déterminer les souvenirs qui feront l’objet du traitement. Pour chaque événement traumatisant conscient ou chaque situation anxiogène dans le présent, liée à un événement traumatisant, conscient ou non, le patient doit choisir une image qui représente l’événement ou la situation, une idée négative associée à l’événement (« cognition négative ») et une idée susceptible d’élever l’estime de soi (« cognition positive »). Le patient évalue alors la validité de l’idée positive sur une échelle numérique. Il associe également l’image anxiogène et l’idée négative et évalue l’ampleur de sa détresse sur une échelle numérique (de 0 – tout va bien à 10 – détresse intense). Cette détresse émotionnelle se traduit par un malaise physique qu’il est invité à localiser sur son corps.

4. DESENSIBILISATION : le patient continue à penser à l’image traumatisante et à l’idée négative alors que le thérapeute l’expose à des stimulations bilatérales : visuelles, auditives ou kinesthésiques. Le patient est encouragé à suivre les associations mentales qui se font naturellement pendant cet exercice et ce sont ces associations progressives qui sont censées être au cœur du traitement, par exemple en ramenant à la conscience des événements oubliés. Cette phase du traitement continue jusqu’à ce que le patient évalue sa détresse à 0 ou à 1 sur l’échelle introduite lors de la phase précédente.

5. ANCRAGE : la phase suivante vise à associer l’idée positive à ce qu’il reste du souvenir de l’événement traumatisant. Quand l’évaluation de la détresse atteint 1 ou 0, le thérapeute demande au patient de penser à l’objectif fixé en début de séance. Les mouvements oculaires continuent jusqu’à ce que le patient évalue la validité de la cognition positive à 6 ou à 7 sur la première échelle utilisée durant la phase 3. Les étapes 3 à 5 recommencent à chaque séance pour une nouvelle image traumatisante.

6. BILAN CORPOREL (body-scan) : le patient garde à l’esprit l’événement traumatisant et l’idée positive à laquelle il a été associé durant la phase précédente et passe en revue systématiquement ses sensations corporelles. Le but de cette phase est de repérer des « tensions » ou des « sensations négatives » qui subsisteraient et d’aider à les dissiper toujours à l’aide de séries de mouvements oculaires.

7. CONCLUSION : à la fin d’une séance, le thérapeute doit faire en sorte que son patient se trouve dans un état émotionnel stable que le traitement soit terminé ou non. Il prépare également son patient à réagir correctement (relaxation, etc.), au cas où le souvenir de l’expérience traumatisante surgirait entre les séances.

8. REEVALUATION : au début de la séance suivante le thérapeute demande au patient de repenser au but fixé lors de la séance précédente. En fonction des réactions du patient, il évalue l’effet de la thérapie et adapte son déroulement en conséquence. Vers la fin de la thérapie, le patient est invité à tenir un journal concernant les souvenirs travaillés pendant les séances et les associations qui lui viennent à l’esprit en dehors des séances.

Des études concluent à l’efficacité de la thérapie EMDR, et à sa reconnaissance dans certaines recommandations de traitement du syndrome de stress post-traumatique par des instances comme en France la Haute Autorité de la Santé (HAS – juin 2007 – page 18 – prise en charge de l’ESPT – chapitre psychothérapies structurées), l’INSERM (2004) 1, l’American Psychiatric Association (2004)2, le département de la défense et les hôpitaux des vétérans aux États-Unis (2004)3, etc.__

Dans le cadre du traitement par l’EMDR d’un traumatisme psychique simple, le taux de guérison est de l’ordre de 80%. Il semble que les résultats sont bons à court et moyen terme.

Si certains aspects de l’EMDR, comme l’exposition au stimulus traumatisant, la relaxation et l’association sont empruntés à d’autres méthodes classiques utilisées pour traiter les effets du stress post-traumatique, l’aspect original de la technique tient dans l’utilisation des mouvements oculaires ou d’autres stimulations sensorielles agissant sur le fonctionnement neuronal. Cet aspect de la thérapie continue à faire l’objet de recherches.

Le fait d’amener au cours de la séance d’EMDR le patient à conserver un état d’attention double — à la fois sur le souvenir traumatique (pareillement donc aux thérapies comportementales) et sur une stimulation sensorielle bilatérale alternée (visuelle, tactile, ou auditive) — a pour effet d’envoyer en direction des centres de la peur (notamment l’amygdale) des informations progressivement apaisantes. En effet, il a été prouvé que les mouvements oculaires s’accompagnent d’une activité cholinergique, c’est-à-dire de relâchement. Un lien s’établirait donc entre l’état de mal-être revécu par la personne centrée sur son souvenir et l’état de bien-être apporté par les mouvements oculaires dans un contexte de sécurité.

L’originalité de l’EMDR est l’utilisation de mouvements oculaires rapides durant la phase d’exposition imaginaire à la situation traumatisante. Ces mouvements oculaires rappelleraient ceux que l’on enregistre durant le sommeil paradoxal. L’observation clinique dans le traitement des ESPT (États de Stress Post Traumatique) et certaines études, indiquent qu’une stimulation sensorielle est nécessaire pour obtenir une désensibilisation et un retraitement des informations dysfonctionnelles. Cette stimulation peut être selon les cas visuelle, auditive, tactile. La réponse serait optimum avec une stimulation bilatérale intermittente alternée.

La recherche continue et il est probable que d’autres facteurs que les mouvements oculaires concourent à la réussite du traitement.