LES ATELIERS D’ART-THERAPIE

A LA RECHERCHE D’UNE VÉRITABLE RENCONTRE

LES ATELIERS

L’entretien psychologique a besoin d’intimité, de chaleur et de protection. Dans l’entretien, le monde est dehors, réduit aux bruits de la rue, à la luminosité du ciel, au temps de nos montres. Mais qu’en est-il des entretiens où la parole est vide, où les mots ne peuvent exprimer la souffrance et où aucune phrase n’arrive à dépeindre les mouvements et les agitations internes ?

S’il s’agit de créer un cadre sécurisant, comment « recueillir » et accompagner lorsque les mots « ne sortent pas », lorsque les émotions restent bloquées ?

Bien souvent l’enfant et l’adolescent s’ennuient devant nos questions et ne s’inscrivent pas dans la rencontre. Les tests psychologiques, à partir de dessins, proposent un semblant de spontanéité mais cantonnent l’enfant à un statut d’objet d’étude… Les tests servent principalement à l’évaluation clinique mais sont loin de favoriser l’émergence de la personne. S’ils mobilisent parfois les conflits les plus profonds, ils ne facilitent aucunement la libération des blocages.

L’art-thérapie se présente comme une aide précieuse pour des patients « bloqués » émotionnellement, ayant tendance à rationaliser ou risquant, en thérapie verbale, de se retrouver rapidement dans une impasse.

Le « bureau » classique du psychologue est aménagé afin de proposer un espace ludique et attrayant.

LE CHOIX DES MATERIAUX

Au début de ma pratique, je me suis demandé pourquoi un enfant est attiré par telle matière, par tel crayon gras ou telle peinture… J’ai remarqué que le choix des matériaux n’est pas le fruit du hasard et qu’il résulte presque toujours d’un mouvement plus profond et interne. Cette impulsion se manifeste à un certain moment et peut changer avec le temps, en fonction de l’état intérieur du client et donc de l’évolution de la thérapie. La personne entre en contact avec un médium qui le stimule et le matériel choisi peut être aidant ou non. Prenons, par exemple, la craie de pastel qui possède une matière résistante permettant un meilleur contrôle d’exécution, alors que la gouache liquide est moins résistante, plus fluide et échappera davantage au contrôle de celui qui crée.

Ce choix dépend de différents facteurs comme de la problématique du patient, de ses objectifs, du pouvoir sécurisant ou régressif d’un matériau, du début ou de la fin d’une thérapie…

Il est ainsi bon de laisser le libre choix au patient qui s’exprime déjà, préalablement à la réalisation de son ouvrage, par la sélection d’un support artistique.

Si le thérapeute intervient, c’est pour proposer une alternative et aider l’expression, lorsque celle-ci est bloquée. Il peut proposer une pose, un recul afin de considérer l’œuvre produite ou une solution technique mais également préconiser l’emploi d’un autre support. Des impressions et des souvenirs, des traces mnésiques ou fantasmatiques viennent alors souvent stimuler à nouveau la création. Si le patient ne sait pas quel savoir organise son mouvement fondateur, l’objet créé porte toutefois une partie énigmatique que celui-ci est amené à découvrir…

CONSTATS ET QUESTIONNEMENTS

L’art-thérapie, comme dans toutes approches thérapeutiques, propose un cadre spécifique constitué d’un lieu, d’un temps et de règles qui ordonnent cet espace ainsi que la relation.L’art-thérapie n’est pas une approche banale ou standardisée. Elle ne doit pas être confondue avec les tests projectifs où le thème est imposé et dont la réalisation devient le support de l’interprétation du professionnel. Il ne s’agit pas seulement de laisser l’enfant faire un dessin mais aussi de l’accompagner dans un processus de transformation. Il est alors évident que dans ce changement, le produit fini compte moins d’un point de vue esthétique que les étapes qui ont conduit la personne à progressivement se restructurer.

Ma pratique s’est construite progressivement. Dès le début de mon activité, je me suis posé un certain nombre de questions. Quel est le positionnement du thérapeute ? Doit-il regarder sans rien dire ? Peut-il commenter les productions de la personne ? Si oui, à quel moment ? Faut-il proposer ou même imposer le support artistique ou laisser le patient libre de son choix ? J’ai parfois ressenti l’impulsion de dessiner ou de battre un rythme en cadence. Est-il possible d’accompagner la personne dans cette forme de synchronisation ? S’il y a interférence, celle-ci est-elle véritablement nocive ou devient-elle souhaitable voire indispensable dans certaines situations ? Comment s’articule l’expression libre des émotions, l’élaboration et la « conscientisation » ? Ce travail d’élaboration passe t-il automatiquement par le verbal ? Doit-il impérativement être conduit par le thérapeute ?

C’est, je l’ai découvert progressivement, le rôle, la place et les actions mêmes du thérapeute qui en venaient à être directement questionnés et devaient être parfois reconsidérés.

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